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Si de nombreuses inconnues demeurent sur l’explosion simultanée, mardi 17 septembre, à Gaza, au Liban et jusqu’en Syrie, de milliers de bipeurs appartenant au Hezbollah, le parti chiite libanais, la manière dont cette attaque inédite a pu être conduite se précise. Tour d’horizon des principaux éléments connus.
Près de vingt-quatre heures après l’explosion de bipeurs utilisés par des agents et des combattants du Hezbollah, qui a fait au moins douze morts et près de 2 800 blessés, un consensus d’experts émerge sur la manière dont cette attaque inédite a été orchestrée : il ne s’agissait pas d’un « simple » piratage visant à faire surchauffer les batteries de ces appareils rudimentaires, mais très certainement d’une opération dite « d’attaque sur la chaîne logistique ». Elle a permis d’insérer quelques grammes d’un puissant explosif dans les bipeurs destinés au Hezbollah, transformant les appareils de communications en bombes.
Les explosions filmées, au Liban notamment, tout comme les blessures des victimes, montrent que les explosions étaient relativement puissantes. Or, si des batteries peuvent exploser en cas de surchauffe dans des circonstances exceptionnelles, les détonations qui en résultent sont de faible intensité. Olivier Simon, directeur technique de DXOMARK et expert en batteries, confirme au Monde que « la probabilité que ce soient des explosifs paraît très forte. Une batterie qui explose dégage normalement des flammes. Or, sur les vidéos, on n’en voit pas apparaître ». Des sources sécuritaires américaines et d’autres pays ont confirmé à plusieurs médias la piste d’explosifs placés dans les bipeurs et déclenchés par Israël à distance.
« Clairement, c’est une explosion, ce n’est pas une batterie qui explose, dans le sens “du lithium explose” », estime auprès du Monde un ancien des services de renseignement français. « Ça veut dire que les batteries ont été modifiées, avec dix à vingt grammes d’explosif, quelque chose comme ça. »
Accusé directement par le Hezbollah, Israël n’avait pas encore officiellement réagi mercredi matin. Mais la très grande technicité de l’opération, forcément l’œuvre d’un ou plusieurs services de renseignement très avancés, la temporalité de l’attaque et la nature de la cible ne laissent guère de doute quant à une implication israélienne. Des précédents, d’ampleur bien plus limitée, existent : en 1996, Yahya Ayyash, considéré comme le principal artificier du Hamas, avait été tué par l’explosion de son téléphone portable, dans lequel 15 grammes de RDX, un puissant explosif, avaient été insérés. L’attaque avait été attribuée au Shin Beth, les services de renseignement intérieurs israéliens.
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